lundi 8 juin 2009

LGF siège en Conseil Scientifique (1)

Cet après-midi, c'était super, j'ai annulé tous mes cours. Enfin, bon, c'était pour aller siéger en conseil scientifique exceptionnel. Le conseil scientifique, j'aime trop ça. C'est bourré de garçons.

Bon, lesdits garçons, c'est un peu “on-touche-avec-les-yeux", vu que quand s'ouvrent les portes de la salle du conseil, les scientifiques vont s'asseoir à la droite du vice-président, et les bons-à-rien de littéraires (dont je suis) 10 mètres en face, à la gauche du vice-président, les membres invités prenant les sièges qui restent sur le quatrième côté du quadrilatère — sauf quand il ne reste plus de chaises, auquel cas ils se rangent sur les côtés en double file, voire attendent des heures dans le couloir quand on commence par un conseil en session restreinte.

Moi aussi, remarquez, ça m'arrive de rester poireauter des heures dans le couloir quand la session est restreinte aux professeurs et HDR. C'est encore ce que je préfère. Je suis convoquée à 14 heures, j'arrive avec ma petite mallette et ma jupe la plus moulante, et là, à moi de jouer. Pendant que les pauvres rang A suent sang et eau sur les dossiers (et est-ce qu'on va filer le magot au programme de recherches “Etude des durcissements de surface par écrouissage à galets” ou plutôt consacrer le pactole à l'invitation d'un prof de rhétorique de l'Université Alexandru Ioan Cuza de Jassy?) moi, j'ai toute latitude pour interpréter mon rôle préféré, la Diane chasseresse des antichambres de l'excellence de la recherche. Fastoche. Tout le monde s'ennuie.

D'abord, chacun sait au plus profond de lui qu'on est là pour des plombes, vu que le président de séance, c'est le genre de gars à tuer un âne à coups de figues molles, et que trancher entre les durcissements de surface et Cuza de Jassy ça lui pose des cas de conscience insondables. Et puis l'ordre du jour du conseil restreint, ça ressemble toujours plus ou moins au menu d'un banquet “à la française” à la cour du prince évêque de Liège, donc quand commence le point 1, je sais que j'ai largement le temps de me lancer dans un adagio de la drague universitaire sans risquer que l' allegro molto e vivace soit interrompu par l'ouverture des portes du Cénacle.

Là, il ne faut pas se tromper. D'abord, savoir qu'il n'y a que du menu fretin, puisque les Forts, les Puissants, les Professeurs des Universités, justement, siègent en restreint pendant que nous soutenons les murs de notre alma mater d'une épaule indolente. Le mollet galbé dans un Wolford “toucher de pêche”, j'avise généralement des gars dont les visages ne me sont pas inconnus mais dont j'ignore les noms (au CS, l'usage est de ne pas se présenter, mais de se tutoyer: forcément, on est entrecollègues). Ils s'occupent invariablement au jeu préféré des membres de ce grand conseil: comparer leurs ordinateurs portables.

Cette année, c'est à qui aurait non pas le plus puissant, mais le plus invisible des portables (est-ce que ça a un rapport avec le fait que tous ces goujats ont leur ordinateur ouvert devant eux pendant les débats, et lisent leurs mails pendant qu'on défend des dossiers super importants de subvention à des colloques vénézuéliens, et que, bon, faut quand même que ça reste discret?…). La tendance évolue au rythme des saisons du prêt-à-porter.

Fin décembre, le PC de base, encore favori chez les membres de la Faculté d'Informatique, était largement détrôné dans la caste des Directeurs de Labos par le mini-ordinateur portable. Le patron de l'UMR Décadence Romaine avait longtemps détenu le record du modèle-le-plus-miniaturisé, dont il avait vanté devant la machine à café la maniabilité et l'autonomie — jusqu'à ce que le jeune directeur de l'équipe émergente “gouvernance des institutions sportives locales et engagement citoyen” ne décide, de rage, de s'offrir — au diable l'avarice — le dernier-plus-minuscule-ordi-que-la-Terre-ait-porté depuis Bill Gates, à savoir un machin tellement mignard que mon poudrier avait l'air d'une grosse huître mal équarrie à côté. Le léger hic (mais qui ne s'est révélé qu'une fois tout le monde assis dans le Saint des Saints, donc dans le couloir c'était encore possible de se la jouer) c'est que le gars avait un peu de mal à poser ses grosses mimines de mineur de fond de la sociologie de proximité sur le clavier jivaro de son nouveau joujou, et que le trackpad était tellement microscopique qu'il avait dû s'acheter tout un tas d'extensions accessoires (notamment une souris pas plus grosse qu'un Ferrero Rocher des soirées de l'ambassadeur), si bien que son machin, perfusé par tous les ports USB, ressemblait finalement tout à fait à rien du tout.

(à suivre)

1 commentaire:

  1. Il ne vous reste plus qu'à négocier le greffage de la coque de votre poudrier sur votre nouvel ordinateur, avec un peu de chance, ça fera sensation et changera des coques plastiques et banales...
    Moi, j'ai réglé le problème : j'ai épousé un scientifique. Qui me répare tous mes problèmes informatiques. D'où la question : une contractuelle mariée à un scientifique vaut-elle une mait' de conf' qui drague le scientifique ?

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