mercredi 24 juin 2009

LGF surveille un examen: Le Retour (part One)

Vous vous souvenez de mon examen "twilight zone" de la dernière fois ? Eh ben, jeudi, on a rempilé. Non, pas les chaises ! On a re-surveillé un examen. C'est un truc, ça s'appelle la "deuxième session", et les syndicats étudiants ont inventé ça pour donner une seconde chance à des étudiants qui, ayant raté leur examen la première fois, en mettent en gros coup pendant quelques semaines sur la matière en question afin de réussir brillamment la deuxième fois. C'est un grand pas en avant pour l'égalité des chances, la responsabilisation des étudiants, et l'augmentation tendancielle du taux de réussite aux examens, dont on a désormais bien compris, nous autres feignasses, qu'il serait prépondérant parmi les facteurs pris en compte pour nous allouer nos chiches subventions de fonctionnement annuelles. C'est pour ça que cette session s'appelle aussi "session de rattrapage" : non seulement les étudiants y "rattrapent" leurs sales notes, mais nous autres feignasses y "rattrapons" aussi bien les étudiants eux-mêmes, pour afficher des taux de passage pas trop scandaleusement bas, ouh là là, qu'après on pourrait nous accuser de faire de la sélection, t'es pas bien ou quoi ? La ministre a dit 50% d'une classe d'âge au niveau licence : parole de feignasse, le rattrapage n'a jamais aussi bien porté son nom...

En règle générale, la "deuxième session" est plutôt 1° après la première (non, ne riez pas, nulle évidence n'est superfétatoire dans le grrrrand vortex de l'alma mater), 2° différente de la première (ben oui, on ne va pas demander aux étudiants de composer une seconde fois sur les mêmes sujets, on a tout de même malgré les apparences un reste de sens du ridicule), 3° assez éloignée de la première pour que l'idée même de réviser puisse avoir la moindre consistance. Autrement dit, une fois les examens passés, on donne leur note aux étudiants, et ceux qui n'ont pas eu la moyenne re-bûchent quelques semaines et viennent re-plancher pour essayer de décrocher leur UE, donc leur diplôme. Bon, nous, cette année on a un peu customisé le concept. D'abord, pour que ça soit plus drôle, cette année on n'a pas donné leurs notes aux étudiants, de sorte qu'ils ne savaient pas s'ils avaient loupé, donc s'ils devaient venir à ce examen de rattrapage. Ah on est comme ça, nous autres enseignants-chercheurs : jamais les derniers pour la poilade.

Enfin, si on veut être honnêtes, c'est pas vraiment qu'on n'a pas donné les résultats. Non, au contraire, on les a donnés, et on les a même donnés remarquablement vite, vu les circonstances. Mais voilà : les secrétaires étaient débordées, même un brin à cran si on regarde bien ; et les notes de PIPOTI à redistribuer dans la grande machine à pondre des diplômes, ça les faisait qu'à moitié rire. Elles l'ont fait, pourtant, diligemment, parce que nous, on a une chance du tonnerre : Geneviève & co, elles sont épatantes, diligentes et souriantes. C'est pas tous les département qui ont ça, et nous, on les garde jalousement. Donc Geneviève et ses colocataires du bureau 403A, elles ont versé notre tombereau de notes dans le Grand Entonnoir à ventiler les ECTS, et normalement, au bout du bout des tuyaux qui irriguent l'alma mater, ça devait parvenir à d'autres Genevièves qui auraient serti ces notes de PIPOTI dans de frétillants relevés de notes encore lacunaires, de sorte que tout ça s'allume avec un éclair neuf et annonce d'une petite voix claironnante "diplôme complet !", avant d'ajouter, le cas échéant : "bouh le gros nul !", et hop l'étudiant dûment stigmatisé par voie officielle aurait su qu'il devait se préparer à passer le fameux rattrapage.

(à suivre…)

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