vendredi 10 avril 2009

LGF corrige ses copies (2)



J’ai essayé plusieurs stratégies. Corriger question par question : ça a des avantages, je reste bien concentrée sur un même sujet, je corrige donc de façon juste et efficace, je suis impeccablement performante, du moins en ai-je l’allègre impression, parce que mon paquet de gauche (copies non corrigées) se vide aussi vite que se remplit celui de droite (copies – partiellement – corrigées). C’est très satisfaisant pour l’esprit jusqu’à ce qu’on arrive à la deuxième question, où là il faut retransférer les copies de droite à gauche et tout recommencer.

C’est bien pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m’intéresse. Mes bras redescendent d’un pas lourd mais égal vers le tourment dont je ne connaîtrai pas la fin. Une, deux, trois, quatre questions : cette minute où je transfère les copies de droite à gauche, qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que mon malheur, cette minute est celle de la conscience. Et parfois, la divine surprise, c’est que tu ouvres une copie et que tu te rends compte que le mec, il est pas allé au-delà de la première question. Là, ton hypertrichose frétille de bonheur, toi tu en fais presque une syncope de joie et, pour fêter ça, tu t’accordes une vraie minute, non une vraie heure de conscience, le temps de boire un thé et de faire fondre un carré de chocolat noir amer sous la langue. Hélas, cela n’arrive pas si souvent.

Un autre truc que m’avait donné un collègue averti en vaut deux, c’était de commencer par les copies les plus courtes. T’as l’impression d’aller super vite au début, tu te sens le roi du monde pendant le premier tiers (quart, cinquième, sixième…) du paquet. Sauf qu’après, tu sais que t’attendent des Iliades de mots, qu’il y a un palier à franchir, et ça devient de plus en plus dur.
Tenté aussi la technique du jeté de copies dans les escaliers, mais finalement c’est trop fatigant de les ramasser, et puis mon escalier, il n’a pas 20 marches, ce con, mais 23, et du coup c’est vachement trop compliqué pour une littéraire et feignasse comme moi de revenir à une base de 20 pour calculer les notes. J’ai bien essayé de neutraliser trois marches avec des piles de bouquins, mais les copies, elles tombent quand même dessus, sans compter celles qui passent par-dessus la balustrade, et pour peu qu’il y ait un coup de vent, je serais capable d’en perdre, donc trop dangereux, j’ai laissé tomber.

(à suivre)

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