Les voies du Seigneur étant impénétrables, il faut vous dire que c’était devenu un gros bazar, doté d’une méga subvention obtenue de haute lutte par ma brillante collègue de littérature comparée et nécessitant signature de convention entre ma fac, la municipalité de Feniazville et le Conseil Général. Quand est arrivé LE deuxième faux grand jour après celui des affiches (je vous rappelle que le seul vrai grand jour, c’est celui de l’inauguration et des petits fours), il a fallu la jouer tout en finesse. Je suis allée voir Grand Gourou (mon révéré maître à penser, retraité actif, mon alter ego, qui incarne tout ce que je voudrais être mais ne suis pas, du fait de ma fainéantise) avec un modèle de flyer, une jolie petite invitation siglée du & bleu de mon université, sur laquelle il fallait juste écrire que le président de la fac, le président du Conseil Général et le maire de Feniazville invitaient Machin et Bidule à venir boire un coup en n'écoutant rien aux discours de toutes façons abscons du DRAC, de l'adjoint bourré et du directeur introverti. On y a passé une bonne heure, pauses maquillage (pour moi) et café (pour lui) non comprises. Il n'y avait pas la place, en largeur, pour mettre les trois noms sur la même ligne. Il fallait donc les disposer en triangle. Oui, mais un triangle avec un nom au-dessus, ou un nom au-dessous des deux autres? Et QUEL nom mis ainsi en valeur? Et ensuite, le CG à droite et la mairie à gauche (au mépris des couleurs politiques), ou l'inverse? On a beaucoup tergiversé, essayé autant de combinaisons que sur un Tetris; il a fallu ensuite avoir l'aval du cabinet du maire, la bénédiction du CG et l’autorisation de la Haute Autorité LRU. Puis Grand Gourou m'a encore longuement briefée sur un aspect super important: si tous les officiels venaient en personne, dans quel ordre les faire parler? Si l’un des institutionnels envoyait un élu d'importance, il fallait avertir les autres pour qu'ils n'envoient pas un sous-fifre. Si la fac se fend d’un vice-président. il faut au minimum que la mairie nous mette l’adjoint à la culture himself, surtout si, comme le prétend la rumeur, la DRAC, qui file la plus grosse partie des sous, délègue rien moins que… le DRAC lui-même. Oui, mais si jamais deux institutions envoyaient chacune un élu, et que la troisième envoyait un simple chef de service, alors l'ordre protocolaire de prise de parole s'en trouverait modifié, les institutions à élus devant parler avant les institutions à chef de service, même si elles ont payé moins...
(à suivre...)
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