Dès ma thèse (dès mon feu DEA, dès ma feue maîtrise même), je m’étais intéressée à ce sujet, l’otium. Entre lui et moi, c’est une longue histoire d’amour. J’avais consacré à cette passionnante question un petit travail annexe à mon DEA, annexe que j’avais jointe, dans ma naïveté d’obscure précaire, à mon mémoire, adressé avec un nœud au creux du ventre au plus éminent spécialiste (pas Joao, un autre) de l’auteur sur lequel j’avais transpiré pendant déjà deux ans (et qui allait me pourrir l’existence pendant encore cinq ans, que dis-je, qui me la pourrit encore, maintenant que je suis étiquetée spécialiste dudit auteur). Lequel spécialiste m’avait aimablement répondu par une lettre qui valait adoubement et que je conservais précieusement sous mon oreiller, la couvrant de rouge à lèvres les soirs où il fallait combattre la déprime galopante à coups de témoignages académico-renarcissisants : c’est à peu près la seule récompense à laquelle nous pouvons aspirer, nous autres les feignasses.
Las… Près de six ans plus tard, alors que, en proie aux affres et à l’insomnie, j’accouchais dans la douleur de la dernière partie de ma thèse, je me retrouve un beau jour à la BNF, découvrant éperdue et un peu par hasard un article de l’éminent spécialiste. Un bel article de vingt pages, qui traite en long, en large et en travers de l’otium literatum chez mon auteur chéri. Ça me parle pas mal, ce qu’il raconte ; ça me parle même beaucoup : de vagues réminiscences de mon lointain pensum me reviennent, tandis que je contemple mes ongles rongés (à l’époque, je n’avais pas les moyens de me payer cinquante flacons de vernis et trois séances chez la pédicure chaque semaine). Finalement, je craque, et investis les derniers euros pêchés au fond de mon porte-monnaie dans des photocopies qui me permettront une confrontation plus directe at home, assortie d’une assiette de pâtes nature (le gruyère ayant fondu dans les photocopies).
Mais les pâtes mêmes ne passeront pas : non seulement le propos est le même, mais les exemples le sont aussi, la copie est absolument fidèle, jusque dans les fautes de latin. Cette feignasse n’a même pas pris la peine de vérifier mes citations ; il n’a pas eu non plus la force d’inscrire mon nom dans ses notes de bas de page, encore moins celle de m’envoyer ce remarquable travail.
(à suivre...)
Mais c'est quand même un travail énorme de retaper un texte...
RépondreSupprimerHeureusement les techniques modernes (envoi par fichier word attaché) facilitent grandement la tâche des feignasses, aujourd'hui ;-)
A quand les Mémoires de la GF (en livre, l''écran, c'est fatigant)?
RépondreSupprimerLes Mémoires de la GF en GF, ça jette... indeed.
RépondreSupprimerMais sur grand écran, adapté cinématographiquement, ce serait encore moins fatigant (pas besoin de tourner les pages).
Et puis ça relèverait le niveau des films sur la fac : l'improbable Etudiante (avec Sophie Marceau qui passe des oraux d'agreg comme des soutenances de thèse, version parodie) ou Bimboland...