Ainsi confortée dans mes habitudes de feignasse, j’entends la douce voix de mon hypertrichose, qui me susurre : retourne te coucher, retourne te coucher. Mais, va savoir pourquoi, je laisse simultanément germer une autre idée dans ma petite cervelle, et je décide (funeste idée : une feignasse ne doit jamais écouter sa cervelle) de me rendre à la fac pour consulter mon courriel (parce que si, à la réflexion, je dois bien recevoir des épreuves ces jours-ci et ce serait bête de manquer le coche). Tant qu’à y aller, autant bosser, je me dis aussi. J’entasse donc dans mon petit cartable, à côté de l’indispensable paréo, les trois gros bouquins que je dois me farcir pour mon cours du mois suivant. Et je pars.
Je n’ai pas plus tôt posé le bout de mon orteil vernis de rouge magenta sur la première marche de l’escalier qui mène à mon bureau (« mon » signifiant ici : « que je partage avec trois collègues mais j’ai quand même un tiroir à moi, pour mon miroir et ma pince à épiler ») que je m’entends interpeller : « ça tombe bien que tu sois là – me dit ma charmante collègue de comparée, avec qui j’ai eu la funeste idée (j’en ai quand même un paquet, de funestes idées qui compromettent ma nature de feignasse) d’organiser un colloque – on a un problème avec la subvention du Conseil Général ; le dossier n’est pas complet, tu peux regarder ça ? là, je dois partir en cours. » OK… Je passe donc au secrétariat récupérer le dit dossier. Pas le temps de l’ouvrir que l’autre secrétaire s’exclame: “Ah vous voilà! ça tombe bien, il nous manque les notes de M. X dans l’UE que vous coordonnez, et il ne me répond pas alors que les étudiants se plaignent. Vous pourriez vous en occuper ? ». OK, OK, un mail de plus à faire. « Ah, et puis, j’oubliais aussi, vous pourriez signer les conventions de stage des étudiants en UE libre ? ». Voui, voui. Je fais donc le pied de grue pendant que la secrétaire disparaît sous son bureau à la recherche de LA chemise rose avec écrit dessus « Stages UE libre ». « Pourtant, j’étais sûre de l’avoir mis là, je vous promets. – Ben c’est pas grave, je suis dans mon bureau, vous me prévenez quand vous l’avez retrouvée ? – Non, attendez, la voilà ! Ah non, ça c’est celle de l’année dernière… » Je sors précipitamment avant une nouvelle découverte (« Ah la voilà ! ») qui m’obligerait à attendre encore une fois le nouveau constat (« ah non, c’est pas ça »). Et m…, du coup, j’ai oublié de récupérer le livre que j’avais commandé au PEB. Faut que je redescende. Mais bon, je vais pas y aller avec mon dossier de treize kilos dans les bras ; vaut mieux que je le dépose sur mon bureau (je préfère éviter le secrétariat pour l’instant). Donc je monte.
(à suivre...)
Merci Grosse Feignasse de tenir ce blog qui décrit si bien notre métier de glandeurs. Je suis trop fainéant pour le faire moi-même.
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre blog. Ce qui est la preuve que je ne suis pas en train de travailler.
RépondreSupprimerMerci pour votre bonne humeur, c'est revigorant. Je suis déjà fan !
Moi, je suis doctorant, et ça, il faut bien avouer que c'est la pire catégorie de grosse feignasse qui existe.
RépondreSupprimerAujourd'hui, j'ai passé ma journée à lire des skyblogs, et à auto-évaluer mes publications, que j'ai très bien notées par ailleurs.
J'espère que ça va durer ; avec toutes ces réformes dont on parle, j'ai peur que mon petit statut de privilégié ne prenne fin, quel dommage ce serait !