Mon ordinausore, comme je le surnomme affectueusement, date d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : l’alma mater (enfin, mon alma mater, car certaines ne se fendent même pas de ce cadeau de bienvenue) me l’a offert un lointain jour de septembre, lors de ma première rentrée, sous les regards envieux des collègues jaloux de mon processeur Intel 1,66 GHz et 504 Mo de Ram, qui leur révélait cruellement combien leur propre bécane était devenue poussive. Sauf que quelques années et quarante-douze mille cours, articles, comptes-rendus, emplois du temps, relevés de notes, diaporamas plus tard, c’est mon tour de le trouver poussif (mais quoi de plus jubilatoire, pour les grosses feignasses que nous sommes, que ces instruments de travail anti-compétitifs, non performants et dépassés ?). J’ai réussi cependant à le customiser de façon notable. Je lui ai tricoté, dans une laine toute douce, une housse amovible, ornée de petits nuages et de lapins bondissants (les lapins bondissants, c’était une erreur, ça fait trop de mouvement), garnie de microbilles (avant, j’avais mis des copies d’étudiants déchirées en tout petits morceaux, mais c’était moins bien) et, comme ça, quand mes petits doigts agiles s’engourdissent à force de pianoter sur le clavier et que mon regard bleu azur se voile à force de fixer l’écran blanc, hop, je le ferme, je le glisse dans sa housse et il se métamorphose instantanément en un merveilleux coussin moelleux (bon, parfois, le sommeil me surprend tellement vite que je n’ai pas le temps de mettre la housse, et que je me réveille une demi-heure plus tard, le front barré d’un « wxcvbn, ;:! » peu discret + un horrible torticolis qui nécessite l’intervention immédiate de mon kiné).
(à suivre...)
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