Les bureaux sont séparés par des cloisons, mais le mien est tout au fond (je l’avais choisi exprès à cause de la lumière, idéale pour vérifier son maquillage ; et aussi parce que je pouvais piquer un somme en douce, avec peu de risque qu’on me voie ; y a moins de passage dans le fond. Je n’avais pas pensé alors que je devais passer devant tous mes autres collègues pour y accéder). « Tiens, salut, ça fait une paye, comment tu vas ? – Tout va bien, euh, je suis un peu pressée là, tu sais. – Et les enfants ? – Ils vont bien. – Et au fait, tu te souviens de Trucmuche ? Il voudrait organiser une journée d’études, et il attend ta réponse. Tu as bien reçu son mail ? » Et blablabla et bliblibli. Je pose donc le dossier sur le bureau de mon collègue ; trop lourd à porter pendant tout ce temps. « Ah c’est ton dossier de subvention ? Tu pourrais m’expliquer comment on fait, là, il faut quoi comme papiers ? »
Bon, ça ne fait jamais que… Aïe, ça fait déjà une heure que je suis là et je n’ai même pas atteint mon bureau ! Je coupe donc court et je file à la bibliothèque. De loin, je vois approcher un groupe d’étudiants. Argh, ce sont les miens, et ils m’ont envoyé leurs travaux la semaine dernière, va falloir que j’en dise un mot, surtout qu’il y a beaucoup à revoir… Je me reprends une bonne demi-heure dans la vue. Au PEB, c’est le même sketch qu’au secrétariat (il est où ? ah il est là ! non c’est pas l’bon…).
Je regagne mon bureau en refusant obstinément de croiser le regard réprobateur de ma montre : j’allume l’ordinateur et, en attendant, je retouche un peu mon maquillage tout en ouvrant, d’un orteil distrait, le bouquin enfin retrouvé (on s’était trompé de fiche, désolés, c’était pas le bon nom, c’est pour ça) par le PEB. Pas le temps de fermer mon rouge à lèvres que le téléphone sonne. La secrétaire a retrouvé les conventions…
En fait, les conventions n’étaient pas complètes, il faut les renvoyer aux étudiants. Bon, je vais peut-être pouvoir consulter mes mails. Mon œil est alors attiré par une tache rose vif au bord de mon écran. Un post-it m’indique : « envoyer tiré à part à Bidule, Trucmuche et Machinchose ». Re-m… Je voulais les expédier en guise de vœux, et on est le 30 janvier. Si je me dépêche, je peux encore les mettre au courrier avant midi. Mais faut que j’écrive un mot, et puis que je retrouve l’adresse de Machinchose.
Et puis le dossier, alors c’est quoi qui manque ? Rien moins que l’argumentaire. Ben c’est pas moi qui l’ai rédigé, j’ai rien moi dans mon ordi. J’appelle le secrétariat. C’est à rendre pour… ? Avant-hier, ah bon, OK, donc là faut vraiment que je le fasse ? Oui. OK.
A 14h, j’achève un argumentaire constellé de miettes (mon sandwich) et de taches de café (pourquoi, mais pourquoi je suis pas restée au lit ce matin ?). Faut que j’en réimprime une version propre. Plus de papier dans l’imprimante ? Pas grave. Plus de papier dans le placard ? Plus embêtant. Il faut descendre à la source, retourner au secrétariat…
(à suivre...)
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