dimanche 15 mars 2009

Billet TLF: Nostalgie, quand tu nous tiens...

"C’était le moment tant attendu des petits et des grands, humbles personnels IATOS comme mandarins chargés d’honneurs. Les vacances universitaires. A l’époque où l’enseignement supérieur avait encore un parfum de nonchalance aristocratique, l’une des plaisanteries qui y couraient consistait à dire, par exemple à l’un des nouveaux élus faisant son entrée : « Savez-vous quelles sont les trois grandes raisons de travailler à la faculté ? » Devant le silence du naïf cherchant des pensées élevées qui auraient pu avoir été formulées par il ne savait quel grand esprit, on lui vendait la mèche : « Juillet, août, septembre, cher collègue, voilà les trois grandes raisons. »
Epoque bien révolue, tant la montée du nombre d’étudiants, l’imbrication croissante des enseignements, la paperasserie exponentielle, l’insuffisance chronique de personnel administratif et, plus globalement, le bordel complet qui régnait dans l’usine à gaz de la fac avaient grignoté le temps libre qui jadis pouvait être consacré aux recherches personnelles ou à la thèse – la petite, puis la grande, puis la complémentaire, enfin toutes ces sortes de choses qui vous occupaient agréablement les étés jusqu’à un âge avancé. "


© Pierre Christin, Petits crimes contre les humanités, Métailié, p. 152



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