"Lorsqu’il découvrit le lieu où se déroulait le colloque sur « Littérature et Peinture : traces romaines », organisé par l’université La Sapienza, Simon ne put s’empêcher d’éprouver un petit pincement au cœur. Il ne partageait pas le patriotisme universitaire du président Goulletqueur pour son campus mangé aux mites. Mais tout de même, ça faisait un choc de découvrir, sur le sommet paisible de l’Aventin, au milieu des lauriers roses, des pins parasols et des cyprès, un cloître parfaitement harmonieux au centre duquel glougloutait une fontaine (dépourvue de canettes de bières, faut-il le préciser ?) entourée de citronniers aux fruits gonflés. On avait beau avoir pris l’habitude de la misère des lieux français dévolus à l’enseignement supérieur, où régnait toujours un remugle proche de celui des anciens magasins d’Etat soviétiques Gastronom n’abritant que des conserves avariées, on ne pouvait s’empêcher d’éprouver un sentiment de honte mêlé de jalousie en découvrant les murs ocres du déambulatoire, les salles d’études vastes et fraîches, le parfum d’un rosier. "
© Pierre Christin, Petits crimes contre les humanités, Métailié, p. 162-163
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