Déjà, le moment de l'appel à contribution me distrait un peu dans mon planning de finger training (eh, avoir de jolies mains, c'est du boulot). C'est pas de taper dix lignes sur mon clavier qui me pèserait vraiment, mais tu risques toujours de te casser un ongle, on n'y pense pas assez. Mais bon, les Bonnes Grosses Nuits d'hôtel, ça motive, alors je m'arrange toujours pour trouver un angle hyper astucieux sous lequel aborder la question soulevée par les gentils organisateurs, et hop, l'affaire est dans le sac, acceptée pour le colloque. Normalement, une fois que j'ai l'accord, il me reste tout juste le temps de me préparer physiquement à la chose. Ben oui, la condition physique est déterminante dans ces choses-là. Ne rien laisser au hasard.
Plusieurs mois à l'avance, traitement de fond: masques, peeling, et du repos, beaucoup de repos. De temps à autre feuilleter négligemment un bouquin, du bout de l'auriculaire, pour faire prendre l'air aux pages. L'odeur de renfermé, c'est tout ce qu'il y a de plus vulgaire en colloque.
Environ huit semaines avant l'événement, commencer les préparatifs proprement dits. Se refaire une couleur (un truc léger, tout ça doit avoir l'air naturel). Penser à faire assouplir les cals sous le talon — on ne sait jamais, inopinément, pendant le colloque, tu peux avoir à montrer ton talon, on n'est jamais trop prudent. Nettoyage de peau, pas agressif surtout, ne pas brusquer l'épiderme. A l'occasion, jeter deux-trois idées sur le papier.
La semaine qui précède, entrer dans le vif du sujet. Préparer son sac, pour être sûr de ne rien oublier. Penser aux vêtements chauds (rien de plus bête que de grelotter au fond de l'amphi, alors qu'on pourrait être confortablement lové dans une étole en pur pashmina), aux vêtements légers (rien de plus bête que de transpirer à la tribune, alors qu'on pourrait faire de si jolis mouvements de bras avec une légère chemise un peu floue), aux lunettes de soleil (LE type qu'on ne veut plus voir depuis notre soutenance de thèse risque d'être là lui aussi). Ne surtout pas oublier le nécessaire de pédicure (parce qu'en trois jours, on finit par venir à bout de la manucure), quelques revues, un tout petit oreiller qui tient dans la serviette en cuir. Mettre la dernière main à sa causerie: rédiger le texte, puis le dé-rédiger pour le transformer en notes qu'on ne sera pas tenté de lire servilement; mettre au point les notes de bas de page, parce qu'il y a toujours un vicieux qui demande la date de publication du machin dont on n'a cité que trois syllabes, mais pour lui c'est super important de savoir s'il a été publié à l'automne 1653 ou plutôt au début de l'hiver 54); illustrer par des exemples bien choisis qui extirperont les autres feignasses de leur léthargie, parce que ya pas de raison qu'on se la coule douce pendant que je parle à l'amphi; traduire les citations en bon français; enfin dans le cas hélas où l'exposé doit être accompagné d'images, scanner les images (si on a les originaux), courir après les originaux (si on les a pas), négocier les droits de citation (avec contorsions), préparer le powerpoint, légender les images… Enfin minuter le tout pour pas que ça dépasse, ferait beau voir qu'on en fasse plus que le strict minimum!
Plusieurs mois à l'avance, traitement de fond: masques, peeling, et du repos, beaucoup de repos. De temps à autre feuilleter négligemment un bouquin, du bout de l'auriculaire, pour faire prendre l'air aux pages. L'odeur de renfermé, c'est tout ce qu'il y a de plus vulgaire en colloque.
Environ huit semaines avant l'événement, commencer les préparatifs proprement dits. Se refaire une couleur (un truc léger, tout ça doit avoir l'air naturel). Penser à faire assouplir les cals sous le talon — on ne sait jamais, inopinément, pendant le colloque, tu peux avoir à montrer ton talon, on n'est jamais trop prudent. Nettoyage de peau, pas agressif surtout, ne pas brusquer l'épiderme. A l'occasion, jeter deux-trois idées sur le papier.
La semaine qui précède, entrer dans le vif du sujet. Préparer son sac, pour être sûr de ne rien oublier. Penser aux vêtements chauds (rien de plus bête que de grelotter au fond de l'amphi, alors qu'on pourrait être confortablement lové dans une étole en pur pashmina), aux vêtements légers (rien de plus bête que de transpirer à la tribune, alors qu'on pourrait faire de si jolis mouvements de bras avec une légère chemise un peu floue), aux lunettes de soleil (LE type qu'on ne veut plus voir depuis notre soutenance de thèse risque d'être là lui aussi). Ne surtout pas oublier le nécessaire de pédicure (parce qu'en trois jours, on finit par venir à bout de la manucure), quelques revues, un tout petit oreiller qui tient dans la serviette en cuir. Mettre la dernière main à sa causerie: rédiger le texte, puis le dé-rédiger pour le transformer en notes qu'on ne sera pas tenté de lire servilement; mettre au point les notes de bas de page, parce qu'il y a toujours un vicieux qui demande la date de publication du machin dont on n'a cité que trois syllabes, mais pour lui c'est super important de savoir s'il a été publié à l'automne 1653 ou plutôt au début de l'hiver 54); illustrer par des exemples bien choisis qui extirperont les autres feignasses de leur léthargie, parce que ya pas de raison qu'on se la coule douce pendant que je parle à l'amphi; traduire les citations en bon français; enfin dans le cas hélas où l'exposé doit être accompagné d'images, scanner les images (si on a les originaux), courir après les originaux (si on les a pas), négocier les droits de citation (avec contorsions), préparer le powerpoint, légender les images… Enfin minuter le tout pour pas que ça dépasse, ferait beau voir qu'on en fasse plus que le strict minimum!
(à suivre)
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