« Je me demande quand même si, juste par esprit de contradiction, je ne vais pas me mettre en grève : au moins, ça m’occupera, moi qui ne fais rien. Rien de rien. », écrivais-je, il y a peu. Je ne croyais pas si bien dire…
Parce que, il faut bien savoir une chose, pendant une grève, il y a souvent des AG, et moi, les AG, ça ne m’intéresse pas trop. J’ai mieux à faire : rester dans mon bain, ou musarder chez Séphora au lieu de faire cours. Encore mieux, j’ai découvert aujourd’hui que le colis de cosmétiques reçu l’autre jour contenait un échantillon conçu pour les universitaires comme moi, d’une crème ultra-hydratante exprès pour les mains (dont je m’occupe amoureusement, because of the hypertrichose palmaire). Une structure non grasse, qui pénètre la peau en profondeur et la laisse douce et lisse… Le truc incroyable, c’est que c’est vrai ! Je peux m’en tartiner les mains, et deux minutes après, hop, je peux tourner les pages de mon livre ou faire des avions avec les copies de mes étudiants sans laisser des taches de gras partout. On me dira : on peut se tartiner les mains en AG. Ce n’est pas faux. D’ailleurs, je me suis fait la même réflexion, et c’est pour cela que l’autre jour, j’ai décidé d’assister à une AG.
En fait, ce matin-là, j’avais réalisé un truc très désagréable. Depuis quelque temps, dès le réveil, je n’ai qu’un réflexe, tout à fait néfaste à la santé de mon hypertrichose palmaire : ouvrir ma boîte e-mail. Je ne prends même plus le temps de vérifier mes ongles, encore moins celui de faire pipi, non, je fonce sur mon ordinateur, et je laisse mes petits doigts agiles au vernis écaillé pianoter fébrilement le clavier tout en me dandinant sur place (parce que ma vessie, elle n’est quand même pas extensible). Certes, c’est un signe indubitable d’addiction, mais il y a aussi une question de timing : pendant que ma messagerie « Outlook » récupère les 487 mails (« Compte rendu AG de jeudi », « Re : compte rendu AG de jeudi », « Re : Re : compte-rendu AG de jeudi », et ainsi de suite, jusqu’à épuisement) envoyés par les collègues entre 22h et 6h du mat’ (à croire qu’eux aussi sont devenus insomniaques), j’ai le temps d’aller me soulager et, accessoirement, de me dire « mais qu’est-ce qui te prend, pauvre feignasse ? » (je vous raconte pas la tête de mon hypertrichose palmaire, je l’ai jamais vue aussi rabougrie).
Mais c’est pas l’tout de décider d’aller à une AG. Il faut encore la trouver. Et ça, les profs de fac, ils savent pas faire. Pour ma première AG, j’avais reçu 50 mails pour me rappeler le jour et l’heure (ou les collègues savent que je suis une feignasse, ou ils abusent de la fonction «Répondre à tous»), et j’ai constaté, en posant mon pied orné de rouge incarnat sur le seuil de la fac, que je n’avais pas noté où ça se passait. J’ai erré dans les couloirs, monté et descendu les escaliers, ouvert et refermé cinquante portes (« Oh, pardon ! » - qu’est-ce qu’il fait celui-là ? cours un jour de grève ?), découvrant l’étrange sensation de l’adrénaline qui montait peu à peu à mon cœur de feignasse (enfin, n’exagérons rien : je ne suis pas la grosse feignasse par hasard, je résiste bien aux ambiances anxiogènes). Au bout d’une heure de ce petit jeu, j’ai laissé le champ libre à mon hypertrichose, qui se bat, elle, pour ne pas être en grève, et je suis rentrée me coucher.
Après une sieste réparatrice et l’indispensable bain post-sieste, je suis retournée voir mes mails : en fait, la salle n’était précisée nulle part.
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