Tout est bien qui finit bien: Kevin est revenu de congés, a débloqué le code de son PC, m'a imprimé fissa les 250 affiches Otium avec la couleur flashante qui doit normalement provoquer un électrochoc chez n'importe quelle feignasse. Je tente le coup illico sur mon directeur de département: raté, ça ne provoque chez lui qu'un inexpressif frémissement de la paupière, je suis à deux doigts d'être déçue. Et puis non: un je ne sais quoi d'hystérie flotte ce matin autour de ma personne, ça doit être l'après-shampoing "tonus cheveux matures", j'ai comme décidé de ne me laisser entamer par rien. Même ça m’exalterait presque. Je vais passer au secrétariat rafler une grosse poignée d'enveloppes et expédier en deux coups de cuiller à pot un mailing inter-sidéral, il ne pourra échapper à personne au sein de cette galaxie que ma fac organise le tip-top raout du moment sur l'otium. Je suis galvanisée par les avancées spectaculaires de cette entreprise, je ne me reconnais même pas moi-même, j'espère que quelqu'un pense à faire des photos.
Une demi-heure après (oui, le temps de passer prendre un petit café tranquille, on ne se lance pas à sec dans l'aventure, et puis rompre le rythme trop brutalement, y'en a des à qui ça a pu être fatal, ce serait trop bête, si près du but), me voilà installée à mon bureau, entourée de tout ce qui va me permettre de travailler à mon plan de com: les enveloppes, d'abord, grandes, pour qu'on n'ait pas à plier l'affiche en huit — au secrétariat, ça les a bien un peu embêtés, ma demande: ben, des enveloppes si grandes, non, on en avait pas. Si, si, ça se fait, mais nous, on n'en commande pas. Parce que personne ne nous en demande. Oui, mais moi, là, je vous en demande, et vous n'allez tout de même pas me dire que dans une fac qui pond du colloque à la cadence d'une machine à saucisse Handtmann il n'y a pas quelque part une réserve de GRANDES enveloppes!
Je ne sais pas si c'est la référence à la machine à saucisse, mais Geneviève tout à coup se souvient que l'autre fois, dans le déménagement — non, pas le dernier, celui où on a abattu la cloison qui séparait le secrétariat “langues” du secrétariat “lettres”en faisant sauter du même coup le réseau qui était coulé dans la paroi, non, pas non plus le précédent, quand on avait érigé une cloison entre le secrétariat “lettres“ et le secrétariat “langues anciennes”, mais celui d'avant encore, quand on a déménagé de l'aile ouest qu'on cédait au service du personnel pour venir s'installer dans l'aile est que libérait le service du personnel — Roseta opine: oui, maintenant ça y est, elle voit quel déménagement, celui où on avait perdu les cartons avec les copies de première année, celui où le bureau du chef de département s'est retrouvé tellement petit qu'on a dû céder au doyen les deux fauteuils qui ne tenaient plus dedans, celui où les bureaux des enseignants se sont transformés en LE bureau des enseignants, et où finalement on a dû céder aussi au doyen deux armoires, un bureau et trois blocs tiroirs qui ne tenaient plus entre le porte-manteau et l'interrupteur. Ça y est, tout le monde voit bien de quel déménagement il s'agit. Avant que les brumes de la nostalgie ne s'emparent des esprits je reviens à la charge avec mes enveloppes et Geneviève se souvient qu'en effet, lors dudit déménagement, elle a “sauvé” un carton d'enveloppes de grande taille (confondu avec le carton des copies de première année? Je reste cependant extrêmement discrète sur ce coup-là), et qu'il doit bien être encore là, quelque part, pas loin. Elle va me le trouver, elle me l'apportera dans mon bureau. Enfin, dans LE bureau.
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