mercredi 4 mars 2009
La Grosse Feignasse part en vacances (partie I)
Ouf, enfin ce soir je suis en vacances. Enfin, il faut dire “pause pédagogique”, parce que “vacances”, ça ferait trop congés payés — alors que nous, rien à voir, c’est une pause, certes, mais elle est avant tout “pédagogique” : en quelque sorte, c’est un repos professionnalisé. Quasi sur prescription médicale, quoi.
Question hypertrichose, ça tombe vraiment bien, ce repos professionnel, parce que faire semblant de travailler m’exténue. Alors que là, pendant une semaine, plus besoin de feindre : c’est une injonction de l’Université, “ne faites rien”, far-nien-te, la totale glande votée en conseil d’administration ! Je vais en profiter à fond.
Mon programme est déjà calé (j’y songe à vrai dire depuis la précédente pause pédagogique) : le matin, levée tard, puis ne rien faire. L’après-midi, sieste, suivie d’un repos. A huit heures, coucouche-panier. Soigner mon hypertrichose. Rien d’autre. Que dalle. Le vide absolu.
J’ai juste glissé dans ma valise, entre pyjama et réveil (et puis non, le réveil, je le laisse), le dernier bouquin de mon ancien directeur de recherches, il est sorti la semaine dernière, je me régale à l’idée de le lire en me limant les ongles de pied, à peine 400 pages, il est en petite forme cette fois-ci. Voilà, une semaine à rien bouiner, avec juste un seul pauvre bouquin à feuilleter, l’extase.
Au moment de partir, je me souviens que les étudiants de première année m’ont rendu les travaux que je leur avais demandés, et qu’ils les attendent très probablement pour le jour de la rentrée (corrigés, il va sans dire) — l’étudiant de première année est une feignasse inaboutie: il tend imperturbablement vers l’inertie béate, s’y abandonnerait volontiers, mais par sursauts velléitaires il lui arrive encore de se libérer de longs jets de pensée molle exprimée dans de longues phrases informes, qu’il nous faut donc corriger si nous voulons faire advenir à la conscience cette feignasse qui s’ignore en eux. Je glisse donc le paquet de 50 dossiers critiques sous le bouquin du ponte, en prenant garde à ne pas froisser mon pyjama en shashi mercerisé.
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